La symbophonie du souvenir, titre de cette série photographique donne à voir et à entendre un « même » moment vécu par trois sœurs, Tilda, Marguerite et Luce.
Neuf photographies, un carnet d’écriture et une bande-son pour dire de façon douce et aérienne le temps qui passe, mais aussi, ces présents passés qui demeurent.
Étonnante œuvre métaphorique du procédé photographique, lui-même, et du souvenir.
En effet, la photographie est cette technique qui permet d’obtenir l’image durable des objets, par l’action de la lumière sur une surface sensible et le souvenir pourrait se traduire par le récit que chaque individu se crée d’un moment passé, d’un temps révolu et à tout jamais figé, dans sa surface sensible.
Une première image pose les trois femmes au présent – et donc en couleur, puis se succèdent, en noir et blanc, les images que chacune a fixées de ce moment vécu, permettant à l’œil qui regarde et à l’oreille qui écoute, de s‘approprier et de se remémorer sa propre histoire.
Flou-net, ombre-lumière, mouvement-objets posés, fermeture-ouverture, vide ou espace saturé, laissent toute liberté à la personne spectatrice de réinvestir, par le prisme de cette tranche de vie particulière, son intimité propre.
Au travers de ces neuf photographies, amplifiées quant à leur sens, par la bande-son et le carnet d’écriture, nous passons du présent au passé, du passé au présent, de la couleur au noir et blanc, du son de la vaisselle lavée à celui du piano, dans un mouvement, comme de balancier d’horloge, doux et apaisant, reconnu.
Les différentes couches de tapisserie se superposent sans dire, ce qui n’aurait pas d’importance, laquelle est la plus ancienne, laquelle est la plus récente, le vent lumineux qui met en mouvement les rideaux, la vapeur du thé qui attend dans l’ombre, arrondissent en douceur les angles de ce temps qui est passé, qui passe, et permettent à tout un chacun de faire, à la fois, une pause et de se relier à cette petite musique volatile, personnelle et profonde qu’est la mémoire.
y.u. (novembre 2021)